L’évolution récente des taux d’intérêt marque un tournant dans la politique monétaire des banques centrales et dans la perception qui en est faite par les investisseurs mondiaux. A titre indicatif, les taux d’emprunts d’Etat des USA à 10 ans ont progressé de 1% en 6 mois, pour revenir vers 3%.
Pour les particuliers, ce tournant majeur, en lien direct avec la croissance mondiale, devrait avoir des conséquences diverses.
Sur l’immobilier
En premier lieu, nous allons assister à la fin des renégociations à la baisse, des prêts historiques consentis par les établissements bancaires. La capacité d’endettement des ménages va se trouver plafonnée, ce qui va limiter naturellement la hausse des actifs immobiliers ou réduire le nombre de transactions. En France, la solvabilité des ménages sera légèrement améliorée grâce à l’entrée en vigueur de la loi Sapin 2, qui permet de résilier son contrat assurance-emprunteur tous les ans pour une meilleure offre.
Sur les actifs financiers
Après plusieurs années de hausse, les actifs risqués ne vont plus bénéficier du parachute que constituait la politique monétaire de « Quantitative Easing ». Les gérants passifs sont donc conduits à désensibiliser progressivement leurs investissements au fur et à mesure de la remontée des taux à long terme. Dans le même temps l’inflation réapparait lentement. L’épargnant va donc se retrouver devant un choix cornélien : rester sur des produits de taux qui ne vont plus rien rapporter, ou accepter une volatilité plus forte sur le marché des actions.
Sur les dettes
Au moment où la dette privée mondiale atteindrait les 110 000 milliards de dollars, et alors que la croissance mondiale semble à son maximum, le nécessaire refinancement de ce stock se fera naturellement à partir de taux un peu plus élevés et surtout avec une discrimination qualitative retrouvée. Les agents économiques endettés les plus fragiles vont se trouver en grande difficulté, à l’instar des étudiants américains.
A bien y regarder, de nombreux décideurs tant privés que publics ont pu utiliser toutes les armes de la passivité, à l’ombre de l’action des banques centrales depuis 10 ans, où « Comment puis-je m’y prendre pour ne pas résoudre ce problème ? » devenait la piste favorisée. Les réflexes de passivité sont alors l’abstention, la sur-adaptation, l’agitation ou pire la violence ! A l’échelle des Etats, il y a là une réflexion sur l’actualité du monde.
Actifs et dettes étant évidemment liés, l’actif est bien l’élément identifiable du patrimoine d’un agent économique ayant une valeur économique positive, c’est-à-dire celui générant une ressource que l’entité contrôle et dont elle attend un avantage économique futur, seul à même de rembourser les dettes contractées.
Au regard de ce qui précède j’invite le lecteur à faire un petit travail patrimonial à la réception des comptes-rendus annuels de ses banques et de ses assureurs. Quels sont mes actifs ? Sont-ils une source de ressources pour l’avenir ? Mes dettes sont-elles alors soutenables ? Si la réponse est non, il y a urgence à agir ! Soyez actifs y compris pour votre passif ! Et si cela vaut pour vous, pourquoi pas pour l’Etat …