En premier lieu, il est bon de savoir que ce terme général Capital Risque est employé pour des situations bien différentes. Depuis le financement des start-ups où l’on parle de love money et d’amorçage, en passant par les différents stades de développement d’une PME où l’on parlera de levée de fonds et de tour de table, jusqu’au capital transmission où l’on retrouve le LBO, tout cela est capital risque ! Il existe d’ailleurs à Nancy deux sociétés spécialisées, ADER Investissements et GEI qui fédèrent des investisseurs avertis.
Des épargnants congelés
Du coté des épargnants, il convient de rappeler qu’en finance, le risque est une composante directe du rendement…Pas de risque pour 0.75% à 2% de rendement annuel et avec une garantie d’un capital qui reste disponible, voilà la réalité du moment pour plus de 2 000 milliards d’épargne.
Certes quelques produits collectifs comme les FIP et les FCPI, sont parfois proposés à une clientèle avertie, dans un objectif de défiscalisation par les conseillers financiers, et pour un cout souvent élevé. Mais in fine, l’investissement en capital risque ne concerne encore qu’une faible partie de la population des épargnants français.
Des entreprises casanières
Du côté des entreprises, trop peu font appel à des investisseurs privés extérieurs tant en dettes (obligations) qu’en capital (actions). Pourtant aux dernières statistiques, 40% d’entre-elles auraient des fonds propres insuffisants au regard de leur activité, particulièrement dans la sous-traitance industrielle après la crise de 2008/2011. A croire que pour leurs dirigeants, il faudrait mieux détenir 100 % d’une société qui va sombrer, que 67 % d’une entreprise qui a des projets de développement à partager ! En règle générale, les entreprises ont d’abord recours à l’autofinancement puis à l’endettement bancaire pour financer leurs investissements et leur croissance : souvent inadapté pour l’innovation et l’exportation, ce que l’on nomme l’immatériel.
De la nouveauté en finance
Depuis quelques années cependant un événement transforme de manière majeure ce secteur de la finance et pour les épargnants et les PME : le financement participatif. Ce mode d’épargne collaborative où les petits ruisseaux font les grandes rivières, profite largement du développement des réseaux sociaux sur internet. Aujourd’hui plus d’une centaine de sites présentent des projets à financer. Si certains projets relèvent uniquement du don ou de la pré-commercialisation, d’autres s’avèrent un moyen de rendre à la finance un visage ! Cette désintermédiation permet le face à face entre investisseurs et entreprises. Le risque n’a pas disparu mais chacun peut en conscience consacrer une partie de ses économies pour soutenir à long terme des projets qui lui sembleront pertinents. La tendance est en place et pour vous en convaincre rendez-vous sur le site de la BPI : www.tousnosprojets.com et vous verrez qu’avec quelques centaines d’euros vous pourrez accompagner une entreprise.
La plus-value au terme ou le rendement élevé du prêt ne doivent pas être le premier moteur de l’investisseur privé, mais plutôt la compréhension du projet d’entreprise et l’engagement de ses dirigeants envers lui. De même cet article ne vise pas à modifier les patrimoines du tout au tout mais juste à inviter à l’imagination féconde et au co-développement avec un petit bout d’épargne. Dans cette affaire la curiosité n’est pas un vilain défaut, juste la compréhension en grandeur réelle de comment fonctionne le marché financier …